La prosternation
Louange à Allah, l’unique sans associé ; le détenteur de la grâce incommensurable ; que tous nos efforts ne peuvent suffire à remercier, qui nous a fait goûter à la vie par un effet de sa miséricorde, et qui nous fera mourir bientôt pour juger les actes posés et prières et salutations d’Allah sur le plus noble des prophètes et des messagers, qui ne parle pas sous l’effet de la passion, ce n’est qu’une révélation inspirée, lui qui disait : « c’est lorsqu’il est prosterné, que le serviteur est le plus proche de son Seigneur. »
Suite à quoi frères et sœurs dans la foi, le temps est venu pour les âmes amorphes de sortir de leur torpeur ; l’heure a sonné pour que les distraits se réveillent et chassent leur lourdeur ; libérez vous des chaînes de l’ignorance ; sortez des ténèbres du péché, avancez pour être inondés de la lumière, de la guidée, revêtez le vêtement éclatant du respect de l’unicité… Sachez que l’adoration vouée à Allah est sans cesse une nouvelle expérience, plus fructueuse ; et si elle devient un geste machinal et un acte purement coutumier, alors elle perd toute sa faveur.
Le culte est motivé par des sentiments forts, d’amour, de crainte, d’espoir, avec discrétion et humilité, avec réflexion et sincérité… Mais si l’adoration n’est plus qu’un étirement et une gesticulation sportive, alors, elle ne peut produire les effets escomptés. Le cœur s’endurcit et devient insensible au rappel…
Serviteurs d’Allah, parlons donc d’une adoration en particulier grâce à laquelle l’individu se montre le plus humble et le plus soumis qui soit devant Allah. Le front est contre terre, le nez dans la poussière et les genoux raclent le sol… Afin de rabaisser son ego, et d’irriter le diable. Et certes, seul Allah mérite d’être glorifié, et seul Allah mérite à ce qu’on affiche devant lui l’indigence et l’humilité la plus grande. C’est ainsi que tu aperçois un corps statique pétrifié…alors que le cœur est vivant et agité, alors que la langue ne cesse de répéter « pureté et gloire à mon seigneur, le très haut.» en effet Allah est le très élevé, d’une élévation u sens au mérite et de l’adoration, car il est doté des attributs de la perfection et il exerce un contrôle total sur sa création, comme il le dit : [Et il est le dominateur suprême, au dessus de ses serviteurs, et il est le sage, le parfaitement connaisseur.] ; mais aussi une élévation de son être, comme il le dit : [ Puis il s’est installé sur le trône...].Ainsi, le croyant est prosterné devant Allah, alors que d’autres sont prosternés devant la lune, le soleil , la vache et toute autre idole de pierre de bois et de chair.
Il était donc de notre devoir de faire une halte pour parler de ce grandiose acte cultuel, afin d’en comprendre le sens et qu’il ne devienne pas la prosternation d’un corps sans âme, dans une nuit sans lune, pour des yeux privés de la vue. Et afin d’en parler avec science ; il nous faut retourner aux textes de la révélation, sans quoi notre discours ne sera que fabulation et suivie de la passion.
Le Très Haut dit : [N’as-tu pas vu que c’est devant Allah que se prosternent tous ceux qui sont dans les cieux et tous ceux qui sont sur la terre, le soleil, la lune, les étoiles, les montagnes, les arbres, les animaux, ainsi beaucoup de gens ? il y en a aussi beaucoup qui méritent le châtiment. Et quiconque Allah avilit n’a personne pour l’honorer, car Allah fait ce qu’il veut.] 22/18. Et Allah, après cette mention globale de ceux qui peuplent les cieux et la terre, a spécifié le soleil, la lune et les étoiles puisqu’ils sont adorés en dehors d’Allah, et il a ainsi rappelé que les fausses divinités se prosternent devant la vraie et qu’elles sont soumises à son ordre et dépendantes de sa volonté.
Et selon Ibn Abbass, dans le récit de At-Tirmizi, « Un homme vint et dit : ô messager d’Allah, cette nuit je me suis vu en songe, prosterné, et l’arbre est alors prosterné, et je l’ai entendu dire : ô Allah, inscris moi par elle (cette prosternation) une récompense auprès de toi, et par elle, soulage moi d’une faute, et fais en une épargne gardée auprès de toi ; et accepte la de moi tout comme tu l’avais agréé de ton serviteur David ». Ibn Abbass dit : « le prophète récita un verset de la prosternation, puis il se prosterna et je l’ai entendu dire ce que l’homme avait raconté de la parole de l’arbre. »
Et le verset précédent souligne que les animaux se prosternent ; et le prophète a d’ailleurs interdit de prendre les bêtes pour estrade. Et ô combien de bête montée est meilleure et se rappelle plus abondamment d’Allah que son cavalier. Et il ajoute (et beaucoup de gens) ; un milliard cinq cent millions d’individus obéissent à Allah et se prosternent devant lui, par choix et par conviction ; (et il y en a beaucoup qui méritent le châtiment) pour s’être enorgueillit et s’être refusé à servir Allah… (Et quiconque Allah avilit n’as personne pour l’honorer).
Et le Très Haut a dit : [N’ont-ils pas vu que les ombres de toute chose qu’Allah a créé s’allongent à droite, à gauche, en se prosternant devant Allah, en toute humilité ? Et c’est devant Allah que se prosterne tout être vivant, dans les cieux et sur la terre, ainsi que les anges qui ne s’enflent pas d’orgueil. Ils craignent leur Seigneur, au dessus d’eux, et font ce qui leur est commandé.] 16/48.
Ainsi, le Très Haut nous informe que tout ce qui a une ombre s’allonge de droite à gauche, le matin et le soir. Ainsi, il est prosterné devant Allah par le biais de son ombre.
Moujàhid disait : si le soleil redescend de son zénith, alors toute chose se prosterne pour Allah ; et cette prosternation se fait par l’intermédiaire de leur ombre et ils sont ainsi tous humiliés. Et Moujàhid dit encore : la prosternation de toute chose est son ombre, jusqu’aux montagnes qui se prosternent par leur ombre, et jusqu’à la mer au travers de l’ombre de ses vagues. Et le Très Haut dit également : [Mouhammad est le messager d’Allah et ceux qui sont avec lui sont durs envers les mécréants, miséricordieux entre eux. Tu les vois inclinés, prosternés, recherchant d’Allah, grâce et agrément. Leurs visages sont marqués par la trace laissée par la prosternation.] 48/29 Et cette trace laissée par la prosternation a de nombreux sens.
Ibn Kathir dit dans son exégèse : Ibn Abbass dit : c’est le bon aspect, la belle apparence. Moujàhid dit : c’est l’humilité. Assadi disait : la prière embellit les visages et les rend radieux, et celui qui multiplie les prières de nuit, alors son visage sera rayonnant, durant le jour. Certains anciens de dire : la bonne action est une lumière dans le cœur et un éclat sur le visage, une abondance et un élargissement de la part des gains, et un amour placé dans le cœur des hommes. Et Ousman disait : pas un individu ne dissimule quelque chose dans son cœur, sans qu’il ne se reflète sur son visage et qu’il ne transparaisse dans son langage. Et celui qui améliore son état apparent verra la rénovation de son cœur, et vice-versa. Bref, celui qui se prosterne abondamment, alors, cela participera à la reforme de son âme et à sa purification. Il sera rempli d’humilité et d’attention et de clémence pour ses frères croyants ; il se débarrassera de l’orgueil, de la jalousie, du mépris à l’égard d’autrui… C’est ainsi que les compagnons avaient purifié leurs intentions ; perfectionné leurs actions… Et quiconque les observait était ébloui par l’intensité de leur lumière et par la force de leur aura. Malik dit : il m’est parvenu que lorsque les chrétiens aperçurent les compagnons qui conquirent le Sham, ils s’exclamèrent : ceux là ceux sont meilleurs que les apôtres du christ ; selon la description qui fut donnée d’eux Le Très Haut a donc choisi de parler de la trace laissée par la prosternation sur le visage de ses compagnons, car cette prosternation est la meilleure preuve de la soumission et est la marque de l’asservissement volontaire à Allah ; rétribué par le lavage des cœurs qui se voient accorder l’humilité, alors que le feu de l’orgueil est étouffé, et que la tranquillité et la quiétude le peuplent désormais. Et c’est en agissant ainsi, en se faisant tout petit, que le serviteur est grand et bénéficie des égards accordés par Allah. Serviteurs d’Allah, vous qui êtes emportés par le flot des tentations mondaines, trompés par le faux brillant de la vie sur terre, ballottés dans les filets des manigances afin de vous faire oublier l’au-delà et que vous vous appesantissiez sur terre, abrutis par le tapage, séduits par la somme des images, et finalement conduit sur le chemin ténébreux de l’abandon de la prière… Sachez que cette prière est le lien qui nous unit à Allah, le négliger revient à éteindre la lumière, et certes Allah se passe de tout l’univers. Méditez donc ce récit afin de comprendre la grandeur d’Allah et afin de vous redonner courage, comprenant que les forces du bien sont les plus nombreuses, et que le gagnant n’est pas celui qui imite aveuglément l’occident, mais celui qui se prosterne abondamment et s’en tient à la religion d’antan. Selon Abou Zar, le messager d’Allah dit : « je vois ce que vous ne voyez pas et j’entends ce que vous n’entendez pas. Les cieux ont plié sous leur poids et c’est leur droit que de plier, il n’ y a pas là dedans l’emplacement de quatre doigts, sans qu’un ange ne s’y tienne prosterné pour Allah, et par Allah, si vous saviez ce que je sais, vous ririez peu et pleuriez beaucoup et vous ne jouiriez plus de vos femmes dans les lits. » Si donc le poids des péchés se fait trop lourd ; et que la somme des bonnes œuvres est insignifiante, multiplie donc la prosternation. Si tu aspires au paradis et à la compagnie du joyau de la création, envoyé en tant que miséricorde à toute la création, multiplie donc les prosternations. Comme l’indique le récit de Rabi’ya Ibn Ka’b Al Aslamî, je passais la nuit aux côtés du messager d’Allah et je lui ai apporté de quoi faire ses ablutions ; il me dit : « demande donc » ! Je dis : « je te demande ta compagnie dans le paradis. Il dit: «ou bien, autre chose ? Je dis : non c’est cela. Il dit alors : « aide-moi donc pour ta personne en multipliant les prosternations. »
Et afin de comprendre les effets de la prosternation sur l’individu, je vous conte cette histoire, d’un homme de la région de Riyad qui employa un éleveur de chameaux, pensant qu’il était musulman, alors qu’il en était rien. Et un jour que l’employeur visitait ses troupeaux en compagnie de ses amis, l’heure de la prière se présenta. L’employeur appela le berger : "allons, à la prière ! " Et l’autre tenta de lui expliquer qu’il n’est pas musulman, mais, la barrière de la langue et le manque de temps fit en sorte que le berger se retrouva contraint de se joindre au rang, craignant par-dessus de perdre son emploi si l’on découvrait qu’il n’était pas musulman. L’homme se contentait d’observer et de suivre les gesticulations de ses voisins. Mais il racontera par la suite que s’étant prosterné, il fut saisi d’un sentiment inexplicable, il prit tout à coup conscience d’être une faible créature, effectivement humilié devant la vraie Divinité.
Vendredi 14 mars 2008
Lu au Complexe Islamique de TSINGA YAOUNDE